Matiu
Matiu vient de Maliotenam sur la Côte-Nord et fait partie de ces artistes à l’opposé des artistes à paillettes. Cet auteur-compositeur-interprète en début de trentaine fait dérailler sa voix brute tel un bois qu’on n’aurait pas sablé. Après avoir parcouru les routes du Québec afin de présenter son EP éponyme lancé au printemps 2017, Matiu, lauréat du prix Artiste de la relève dans le cadre du Gala de musique autochtone Teweikan, nous offre un premier album, Petikat. Ce qu’il nomme son «folk bipolaire» se fond dans une musique des faits quotidiens qui cherchent à comprendre les relations humaines, l’identité et, en bout de ligne, le sens de la vie, celle de la réserve comme celle de la ville et parle avec honnêteté des hauts et des bas de la vie dans la réserve. Chanté en français et en innu, Petikat est un premier disque qui brasse, tout comme le spectacle qui en est issu.
En langue innue, petikat signifie lentement, tranquillement. «Ça illustre bien mon parcours, tranquillement, mais sûrement, sans rusher les affaires», dit Matiu, de son nom officiel Matthew Vachon, lors d’une rencontre avec la journaliste Josée Lapointe de La Presse+. Toujours dans la même entrevue Matiu explique que son chemin se fait naturellement, au jour le jour. Ce n’était pas son rêve premier de faire de la musique. C’est venu d’un besoin d’extérioriser des émotions, à la place de mettre le feu à la ville. Il rit, puis explique : «J’avais des choses à dire. Il faut que je profite de ces trois minutes où j’ai un micro pour essayer de réveiller les mentalités un peu. Créer une discussion, au moins.»
L'Innu qui se fait tasser de son mode de vie et qui est écartelé entre la tradition et la modernité, c'est pas mal ce qui interpelle Matiu, qui se définit comme un Indien 2.0. «J'ai dit ça quand j'ai commencé, parce qu'il faut se catégoriser. Ma génération se cherche et est tiraillée. On voudrait tous revenir dans le mode traditionnel, mais le temps moderne nous rattrape. On est mêlés, ça n'a pas de bon sens». Pas surprenant donc que ce soit à lui qu’on ait confié l’interprétation de la chanson Le Bon gars dans le disque-hommage consacré à Desjardins, un bijou d’humour et d’autodérision.
Même si Petikat parle de quête identitaire Matiu ne se veut en aucun cas le porte-parole de sa communauté, ou pire encore, des autochtones en général. «C’est mon histoire, mon constat», dit-il, espérant tout de même «en réveiller une couple». Il est d’ailleurs convaincu que malgré tous les déchirements de la jeunesse innue, la solution n’est pas de quitter la réserve.
Bonne soirée en compagnie d’un artiste qui m’a touchée droit au cœur par sa vérité et sa sincérité, et qui s’adresse à l’être humain en général, quel que soit son statut.
Johanne Aubry
Programmatrice
Sources :
Matiu.ca
Josée Lapointe, La Presse +, 23 novembre 2018
« Avec sa voix cassée, il dépeint la vie telle qu’elle est sur la réserve dans des chansons folk rock interprétées en innu et en français.
Universelle et authentique, la musique de Matiu se veut un mélange de genres et de thèmes : des sujets engagés aux histoires de la vie quotidienne pleines d'autodérision. »
- Radio Canada, 13 juin 2019

L'ÉQUIPE DU SPECTACLE
Concepteurs Matthew Vachon (Matiu), Steve Jolin
Musiciens Matiu (guitare et voix), Marco Dionne (batterie), LG Breton (guitare), Stéphane Pigeon (basse)
PRODUCTION 117 RECORDS

TECHNIQUE ET ACCUEIL
Chef éclairagiste Jean-François Patoine
Chef sonorisateur Iannick Vadenais
Gérante de salle Anne-Marie Legault
Merci au personnel technique, d’accueil et de billetterie.
PROCHAINEMENT AU THÉÂTRE DE LA VILLE